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PRÉLIMINAIRE.
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ÉLOQUENCE CHEZ LES ATHÉNIENS.

Les occasions qui ont manqué aux orateurs français, se sont offertes, et de la manière la plus favorable, aux orateurs athéniens. Avec quel éclat, en effet, V éloquence ne pouvait-elle pas briller à Athènes, surtout dans le genre délibératif, que je regarde comme plus grave, plus noble et plus intéressant que le genre judiciaire (i)[1] ! Celui-ci même n'intéresse souvent, que parce qu'il participe de celui-là, puisque, pour l'ordinaire, une

  1. (i) Il est vrai que les discours, dans le genre délibératif, intéressent beaucoup dans le moment ceux qui écoulent ; qu'ils demandent plus de gravité et de noblesse que d'autres, plus de force, de précision et de rapidité ; mais il but avouer aussi que les sujets ordinairement en sont assez bornés et assez uniformes, qu'ils ne présentent pas une grande variété d'objets. Dans les grandes causes, l'orateur a bien plus occasion de déployer toutes les richesses du style, d'employer toutes les beautés de l'art, de montrer toutes les ressources de son génie. Les catilinaires et les philippiques de Cicéron offrent, sans doute, une éloquence plus vive, plus rapide, plus simple et plus naturelle que ses autres discours ; elles doivent intéresser extrêmement le sénat ou le peuple devant lesquels il les a prononcés : mais aujourd'hui que ces grands intérêts sont éloignés, ses verrines, par exemple, doivent peut-être nous intéresser davantage par la multiplicité des objets divers qu'elles nous présentent, et qui sont tous traités avec un art admirable.