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SECONDE PHILIPPIQUE.

commun, et la parole, et le conseil, et l’action. Car si vous laissez les uns nous commander en maîtres, si tous imposez à d’autres la nécessité d’équiper des vaisseaux, de fournir des contributions, de marcher à la guerre[1], et que d’autres enfin soient uniquement chargés du soin de porter contre ceux-ci des décrets, rien de ce qu’exigent les circonstances ne sera exécuté à propos. Ceux que vous aurez surchargés resteront en arrière, et vous serez occupés à punir vos citoyens, au lieu de punir vos ennemis.

Je finis donc et je conclus que tous les citoyens doivent contribuer, chacun selon ses facultés ; que tous doivent servir chacun à leur tour ; qu’il faut permettre à tout citoyen de monter à la tribune, et, après avoir entendu les différens avis, adopter celui qui paraîtra le meilleur, et non pas celui que tel ou tel aura donné. Si vous prenez ce parti, Athéniens, non-seulement vous applaudirez dans le moment à l’orateur, mais, par la suite, vous vous applaudirez vous-mêmes de l’heureux changement arrivé dans votre situation.

  1. Cicéron, après avoir dit que l’homme d’état doit, en bon tuteur, s’oublier pour son pupille, n’avoir en vue que le bien public, étendre également ses soins sur tout le corps de la république, et se tenir dans un juste équilibre entre le peuple et les puissans, ajoute : C’est faute d’observer ces règles, que les divisions, autrefois si fréquentes dans Athènes, se perpétuent aujourd’hui dans Berne. (Tourreil.)