Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
DISCOURS.

sonnes qu’il a daigné choisir comme plus capables de l’aider de leurs avis, délibèrent tranquillement sous ses yeux ou par ses ordres, sur ses intérêts et sur ceux du peuple ; le peuple exécute ce que le prince a réglé sans lui. Dans ces délibérations secrètes et privées, il n’est pas besoin d’un Démosthène, dont l’éloquence forte et véhémente détermine au bien de la patrie les volontés de toute une multitude.

Par rapport aux grandes causes qui tiennent i l’administration de l’état, le prince, comme premier juge de son royaume, les rappelé ordinairement à lui. Il ne reste à l’avocat que des causes de particulier ou d’affaires particulières, dont quelques-unes peuvent occuper quelquefois et attacher le public, ou par la singularité des événemens et le fond de pathétique qu’elles renferment, ou par la qualité des personnes qu’elles regardent, mais qui sont presque toutes froides, et intéressantes seulement pour les intéressés à la décision. Cicéron accusait ou défendait sur des matières et dans des circonstances importantes, des hommes qui avaient été consuls ou préteurs, qui aspiraient au consulat ou à la préture, c’est-à-dire, les principaux d’une ville la maîtresse du monde. La position de nos avocats est-elle la même ? Qu’on nous donne les mêmes causes qu’avaient les Romains, les mêmes personnes à accuser ou à défendre sur les mêmes matières et dans les mêmes circonstances, notre barreau produira des chefs-d œuvres.