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SECONDE PHILIPPIQUE.

est présent partout, qui ne perd aucune occasion favorable, qui fait servir les saisons à ses desseins, l’emporte sur nous qui temporisons, qui délibérons, qui nous occupons uniquement à demander ce qui se passe. Il faudrait au contraire s’étonner que des hommes qui ne veulent remplir aucun des devoirs militaires, eussent l’avantage sur un homme qui les remplit tous avec une ardeur infatigable. Ce qui m’étonne véritablement, c’est que vous qui avez autrefois entrepris la guerre(7) contre les Lacédémoniens pour maintenir les droits de la Grèce, vous qui avez tant de fois sacrifié vos avantages personnels aux intérêts de la justice, vous qui, pour la défense d’autrui, avez tant de fois prodigué vos finances et abandonné votre vie aux hasards de la guerre ; ce qui m’étonne, dis-je, c’est qu’aujourd’hui vous balanciez à vous mettre en campagne, et à fournir des contributions pour votre propre défense ; c’est qu’après avoir tant de fois sauvé la Grèce en général, et chacun de ses peuples en particulier, vous restiez dans l’inaction, lorsqu’on vous dépouille de vos propres possessions. Ce qui m’étonne encore, c’est qu’aucun de vous ne se demande depuis combien de temps vous êtes en guerre avec Philippe ; comment vous avez employé tout ce temps-là ; car vous savez que vous l’avez employé à différer d’agir, à espérer que d’autres agiraient pour vous, à vous accuser les uns les autres, à vous condamner, et à concevoir de nouvelles espérances aussi frivoles que les