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SECONDE PHILIPPIQUE.

les travaux et tous les périls, préférant aux douceurs d’une vie sûre et paisible, la réputation d’avoir fait ce que n’avait pu faire avant lui aucun roi de Macédoine. Mais pour ses sujets, ils ne partagent pas cette ardente passion pour la gloire. Épuisés par des expéditions toujours renaissantes, dans lesquelles on les traîne de contrée en contrée, ils détestent et maudissent une guerre qui ne leur permet ni de cultiver leurs champs, ni de vaquer à leurs affaires domestiques, ni de pouvoir, dans un pays où la guerre a fermé tous les ports, trafiquer du butin qui leur a coûté tant de travaux. De là on peut juger sans peine comment la plus grande partie de la Macédoine est disposée à l’égard de Philippe.

À l’égard des étrangers qu’il tient à son service, et des fantassins qui composent sa garde, ils ont la réputation d’excellens soldats ; mais, si j’en crois le rapport que m’a fait un Macédonien digne de foi, leur sort n’est pas plus heureux que celui des autres, puisque, au rapport de ce Macédonien, si quelqu’un d’entre eux se distingue par son habileté dans l’art militaire, le monarque jaloux l’éloigné de sa personne, voulant être regardé comme le seul auteur de tous les heureux succès. Car, sans parler de ses autres vices, il porte la jalousie jusqu’à l’excès. Si quelqu’un, par un sentiment de pudeur ou de sagesse, désapprouve la licence de sa vie journalière, son intempérance, ses danses lascives, le tyran le né-