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PRÉLIMINAIRE.

vagues, qui ne seraient après tout que de froides déclamations. La physique, la morale et la politique, fourniront toujours des matières vastes au philosophe éloquent. Les annales anciennes ou modernes, sacrées ou profanes, donneront toujours de grandes vertus à louer, de grands talens à vanter. La religion offrira toujours des vérités importantes à annoncer. L’histoire, la fable, la vie commune et civile, seront toujours fécondes en sujets intéressans pour les poètes tragiques et comiques. Le génie du poète crée les occasions ; il faut qu’elles se présentent à l’orateur, et elles ne se présentent pas chez nous pour les genres dont je parle. Je m’explique.

Sans avoir approfondi la nature des gouvernemens, le peu de réflexions que j’ai faites sur cet objet, m’ont convaincu que le gouvernement le plus heureux est une monarchie douce dans laquelle le peuple est soumis au prince, et le prince aux lois ; mais il faut avouer que la constitution monarchique est aussi peu favorable à l’éloquence qu’elle est propre pour le bonheur. L’orateur habile n’y peut signaler son talent, ni dans les délibérations communes pour le bien général, ni dans ces grandes causes qui tiennent à l’administration de l’état.

Dans la plupart des monarchies, le prince décide seul des affaires publiques. La guerre, la paix, les alliances, les lois et les finances, tout se traite dans son conseil. Là, un petit nombre de per-