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SECONDE PHILIPPIQUE.

totalement épuisé les artifices auxquels il doit l’accroissement de sa puissance, et que ses prospérités touchent à leur terme.

Pour moi, Athéniens, je pourrais admirer ou craindre Philippe, si je l’avais vu s’élever par des voies légitimes ; mais quand je me rappelle ce jour où les députés que vous envoyait Olynthe pour conférer avec vous, furent obligés de repartir sans avoir été entendus, je reconnais qu’il a trompé notre bonne foi, en nous flattant de nous rendre maîtres d’Amphipolis, et en paraissant vouloir exécuter ce projet fameux annoncé depuis longtemps avec autant d’appareil que de mystère ; je vois qu’après nous avoir joués, il a surpris l’amitié des Olynthiens, en leur donnant la ville de Potidée qu’il nous enlevait malgré notre ancienne alliance avec la Macédoine ; je vois qu’il a récemment abusé les Thessaliens(1) par la promesse de leur rendre Magnésie, et de prendre sur lui tout le fardeau de la guerre contre les Phocéens : enfin, de tous ceux qui ont eu affaire à ce prince, il n’en est pas un qu’il n’ait attiré dans ses pièges ; il a trompé tous ceux qui, faute de le connaître, ont pu ajouter foi à ses paroles : et voilà l’origine de sa grandeur. Mais, comme il s’est élevé, en persuadant aux autres qu’il ne travaillait que pour eux, par la raison contraire, il doit tomber, aujourd’hui qu’il est convaincu de n’avoir jamais travaillé que pour lui-même. Or, je soutiens que telle est la situation où se trouve le roi de Macédoine. Si