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PREMIÈRE PHILIPPIQUE.

nous nommons des triérarques(15), nous les admettons à proposer des échanges, et nous cherchons les moyens de fournir aux frais de la guerre ; ensuite on embarque les étrangers établis à Athènes, les gens de la campagne, et enfin les citoyens eux-mêmes. Pendant tous ces retardemens, on nous enlève ce que nos flottes allaient défendre ; car le temps d’agir, nous le perdons en préparatifs : or, les occasions n’attendent pas notre lenteur et notre négligence, et les troupes sur lesquelles nous avions compté dans l’intervalle, se trouvent absolument inutiles dans le moment tardif où nous les employons. Pour Philippe, il porte aujourd’hui l’insolence à un tel point, que dans ses lettres aux Eubéens, il ose s’exprimer en ces termes :

[On lit les lettres[1] de Philippe aux Eubéens.]

La plupart des choses qu’on vient de lire ne sont que trop vraies, mais elles ne sont pas également agréables à entendre. S’il suffisait de supprimer les choses fâcheuses, pour faire qu’elles ne fussent point arrivées, vos orateurs ne devraient s’étudier qu’à vous plaire ; mais, si les discours dans lesquels on nous flatte mal à propos ne servent en effet qu’à nous perdre[2], il est honteux, Athé-

  1. Nous n’avons pas ces lettres : il paraît qu’elles étaient conçues en termes fort injurieux pour les Athéniens.
  2. Prompte à croire tout ce qui nous perd, pourvu qu’il nous flatte. Boss. Ceux qui cherchent à nous perdre, parce qu’ils ne s’étudient qu’à nous plaire. Mass.