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PREMIÈRE PHILIPPIQUE.

vous ne le verrez plus s’emparer de vos vaisseaux près de Géreste, et s’enrichir par un butin immense : dernièrement encore il descendit à Marathon, et enleva la galère sacrée[1], sans que vous ayez pu réprimer de pareils brigandages, ni faire arriver vos secours à propos.

Savez-vous pourquoi les Panathénées(14) et les fêtes de Bacchus, ces fêtes qui vous coûtent plus qu’aucun armement naval et qui sont célébrées avec une pompe et avec une magnificence dont on ne voit point d’exemple chez les autres peuples, savez-vous pourquoi ces fêtes sont toujours solennisées au temps prescrit, quelle que soit l’habileté de ceux qui en sont chargés, et qu’au contraire toutes vos flottes, comme celles que vous aviez équipées pour Méthone, pour Pagase, pour Potidée, n’arrivent jamais qu’après coup ? c’est que la loi a réglé tout ce qui a rapport à la célébration de vos fêtes : chacun de vous sait longtemps d’avance quel est le chorège, quel est le gymnasiarque de sa tribu ; ce qu’il doit faire, ce qu’il doit recevoir, de quelle main et en quel temps il le recevra ; tout a été prévu, tout a été réglé avec le plus grand soin. Mais dans ce qui concerne la guerre et les préparatifs militaires, tout se fait sans règle, sans dessein, sans ordre. Au premier bruit de quelque mouvement de l’ennemi,

  1. Il y avait deux galères sacrées, la galère Paralienne et la galère de Salamine. (Voyez le Dictionnaire grec-français de M. Planche, au mot Πάραλος (Paralos).)