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PREMIÈRE PHILIPPIQUE.

à terre et où les vents permettent de longer soit les côtes du pays même, soit les ports des villes marchandes ; c’est ce qu’il vous sera facile de connaître. Du reste, et sur la manière et sur le temps de faire agir vos troupes, il faut vous en reposer sur l’habileté de leur général, qui réglera sa conduite sur les circonstances. Pour vous, Athéniens, ce que vous devez faire, c’est ce que je propose dans mon décret. Oui, je le dis avec confiance, si vous fournissez d’abord les fonds que je demande, et qu’après avoir disposé tout le reste, vaisseaux, fantassins, cavaliers, vous assujettissiez, par une loi formelle, l’armée toute entière à demeurer constamment sous les armes ; en un mot, si vous faisant vous-mêmes les trésoriers et les dispensateurs de vos fonds, vous demandez au général de vos troupes un compte exact de sa conduite, vous cesserez enfin de remettre toujours les mêmes objets en délibération, et de ne faire autre chose que délibérer.

Ajoutez à cela que vous enlèverez d’abord à Philippe le plus considérable de tous ses revenus. Quel est ce revenu ? celui qu’il tire de vos alliés, aux dépens desquels il vous fait la guerre, en s’emparant de leurs vaisseaux, et en infestant la mer par ses pirateries. Quel autre avantage retirerez-vous encore de votre armement ? vous ne serez plus vous-mêmes exposés à ses insultes ; vous ne le verrez plus descendre dans les îles de Lemnos et d’Imbros(13), et emmener vos citoyens prisonniers.