Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/406

Cette page a été validée par deux contributeurs.
390
PREMIÈRE PHILIPPIQUE.

Je me borne à une si petite armée, parce qu’il nous est impossible de mettre actuellement sur pied des forces assez considérables pour attaquer l’ennemi en bataille rangée. Nous devons nous réduire à des incursions et à faire le dégât dans son pays ; notre situation présente ne nous permet pas de lui faire autrement la guerre dans le commencement. Il ne faut donc pas que nos troupes soient trop considérables ; car nous ne pourrions assurer ni leur solde, ni leur subsistance. Il ne faut pas non plus qu’elles soient méprisables par leur petit nombre. Je demande ensuite que des citoyens aillent servir en personne, et s’embarquent avec les troupes de l’expédition, parce que j’entends dire qu’autrefois la République entretenant à Corinthe(7) des troupes étrangères commandées par Polystrate, par Iphicrate, par Chabrias et par d’autres généraux, plusieurs Athéniens allèrent joindre l’armée, et qu’alors, ces étrangers combattant avec vous, et vous avec eux, vous triomphâtes des Lacédémoniens. Mais, depuis que les étrangers seuls font la guerre pour vous, ils ne triomphent que de vos alliés et de vos amis, tandis que vos ennemis deviennent plus puissans qu’il ne faudrait ; et, ces étrangers, après avoir jeté en passant un coup d’œil sur la guerre que nous avons à soutenir, s’en vont prendre parti chez Artabaze(8) et partout ailleurs, plutôt que de rester à votre service : le général les suit, et il ne saurait faire autrement ; car les soldats cessent d’obéir au général qui cesse de les payer.