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DISCOURS.

L’idée que je me suis formée de la véritable éloquence, de l’éloquence oratoire, me fait définir le discours, une conversation[1] dans laquelle un

    mais auquel je me contente de renvoyer le lecteur, pour ne pas trop allonger cette note qui n’est déjà que trop longue, après avoir prouvé que l’orateur ne doit pas être confondu, ni avec les philosophes, ni avec les sophistes, ni avec les historiens, ni avec les poëtes, il conclut en disant : Voilà donc l’orateur distingué des philosophes, des sophistes, des historiens et des poëtes ; il faut maintenant le faire connaître et montrer ce qu’il est véritablement. L’homme éloquent que nous cherchons, dit-il, dans le chapitre dixième, sera celui qui, dans les plaidoyers et dans les délibérations publiques, saura prouver, plaire, émouvoir ; qui, dans les différentes circonstances où il parlera, saura prendre le ton et le style les plus propres à déterminer ses auditeurs.

  1. Je me suis servi du terme de conversation, quoiqu’une conversation suppose au moins deux personnes qui parlent toutes deux et qui s’entretiennent, parce que je n’en ai pas trouvé d’autre dans notre langue pour rendre l’idée que je me suis faite d’un discours, d’après la manière dont j’ai conçu la vraie éloquence. L’expression cependant n’est pas aussi impropre qu’elle pourrait le paraître. Dans un discours, un seul homme parle, il est vrai, et tous les autres l’écoutent ; mais si l’auditeur ne parle pas, l’orateur le fait souvent parler ; il l’interroge, il le fait répondre ; il répond aux interrogations qu’il lui met dans la bouche : l’orateur converse donc, en quelque sorte, avec l’auditeur. On peut donc absolument définir le discours, la conversation d’un seul avec plusieurs. Il suit de là que le discours, pour faire impression, doit s’adresser aux