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PREMIÈRE PHILIPPIQUE.


Si vous voulez donc, Athéniens, raisonner comme Philippe, et cela dès aujourd’hui, puisque vous ne l’avez pas fait plus tôt ; si chacun de vous, écartant tous les vains prétextes, se montre prêt à rendre à la patrie tous les services qui sont en son pouvoir et que demandent les circonstances ; si tous les citoyens veulent concourir au bien public, les riches en contribuant de leurs fortunes, les jeunes en prenant les armes ; en un mot, si chacun de vous est résolu de ne s’attendre qu’à lui-même et de sortir de son inaction, en cessant de se flatter que, tandis qu’il ne fera rien, son voisin fera tout pour lui ; soyez assurés qu’avec l’aide des Dieux vous recouvrerez tout ce qui vous appartient, que vous réparerez toutes les pertes causées par votre négligence, et que vous tirerez une vengeance éclatante de votre ennemi. Car ne vous figurez pas que cet homme soit un Dieu qui jouisse d’une félicité immuable ; il est haï, craint, envié, par ceux-là même qui paraissent les plus dévoués à ses intérêts ; car ils ne sauraient être exempts des passions qui animent les autres hommes : mais tous ces sentimens restent ensevelis dans le fond des cœurs, faute de l’appui nécessaire pour éclater impunément ; appui qui leur manque par cette inaction où vous languissez maintenant, et dont il faut que vous sortiez enfin.

Voyez en effet, à quel point est montée l’insolence de cet homme : il ne vous laisse plus le choix de l’action ou du repos, mais il vous menace ; il