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ŒUVRES
DE DÉMOSTHÈNE.


PREMIÈRE PHILIPPIQUE.[1]


Athéniens, si vous aviez à délibérer sur quelque affaire nouvelle, j’aurais laissé parler avant moi la plupart des orateurs qui sont dans l’usage de monter à la tribune ; et, si j’eusse approuvé quelqu’une de leurs opinions, j’aurais gardé le silence ; sinon, j’aurais essayé de vous exposer mon propre sentiment : mais puisque la même affaire, sur laquelle ils ont déjà parlé tant de fois, est encore aujourd’hui remise en délibération, on me pardonnera sans doute de prendre la parole avant eux ; car s’ils vous eussent donné de bons conseils dans les assemblées précédentes, vous ne seriez pas réduits, dans celle-ci, à délibérer encore sur le même objet.

Je dis d’abord qu’il ne faut pas désespérer des affaires présentes, quoiqu’elles me paraissent dans l’état le plus alarmant ; car je trouve, dans la cause même de nos malheurs, le motif des meilleures espérances pour l’avenir. Que veux-je dire par-là ? le voici. C’est pour n’avoir rien fait de tout ce

  1. C’est la première des quatre harangues nommées vulgairement Philippiques.