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DISCOURS.

sur la rhétorique[1] ; qu’il avait pris pour maître et pour modèle : que connaît-on de lui ? On répète, avec complaisance, que c’est le plus grand orateur qu’ait enfanté la Grèce : on cite ses philippiques, ses olynthiennes, sa harangue sur la couronne ; mais parmi soixante discours, à-peu-près, qui nous restent de lui, et qui nous montrent toutes les ressources de son génie orateur et logicien, nous n’en connaissons guère plus de dix. Que de belles harangues, cependant, parmi toutes celles qui sont presque universellement ignorées ! que de bons modèles dans tous les genres !

Il faut convenir que, dans plusieurs de ses plaidoyers publics et particuliers, les altérations du texte, les allusions à des faits et à des usages inconnus, les rendent presque inaccessibles, et présentent des difficultés qui paraissent d’abord insurmontables. Mais lorsqu’on a eu la patience d’arracher ces épines, on est récompensé de sa peine par la satisfaction de lire des discours composés suivant toutes les règles de l’art oratoire ; dont toutes les parties sont conduites avec intelligence et détaillées avec intérêt ; qui offrent partout une éloquence simple, noble, piquante, rapide, harmonieuse ; des

  1. On verra, à la fin de ce discours préliminaire, un extrait des éloges que Cicéron donne à Démosthène dans ses livres sur la rhétorique. Entre autres choses, il dit de ce grand orateur, qu’il atteint à cette éloquence dont il s’est formé l’idée, et dont il ne trouve d’exemple que chez lui.