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ruser, dissimuler constamment avec eux, et chercher dans d’autres liens, dédommagement et bonheur. Force sera donc aux hommes de nous écouter attentivement, de nous laisser tout dire, lorsqu’ils seront las d’être le jouet de nos ruses, lorsqu’ils comprendront que la dignité humaine est autant blessée chez eux que chez nous par les relations établies entre les relations établies entre les sexes. Qu’ils sont esclaves autant que nous, si nous sommes soumises à la force, ils le sont au mensonge, à la ruse, qui les enlacent toute leur vie. — Que le mariage, lien absurde par son absolutisme qu’il nous imposent, comprime leur spontanéité autant que la nôtre, et qu’une fois ce lien consacré, nous avons autant qu’eux la possibilité d’y échapper, en usant, ainsi qu’ils le font, du système des compensations… On se demande en frémissant où va le monde ? — ce qu’il veut faire de tous ces débris du passé, en s’y attachant avec tant de force ? N’est-il pas temps de s’arrêter sur cette pente ? N’est-il pas temps qu’il s’aperçoive que cette décrépitude morale menace d’anéantir dans l’humanité tout lien, tout sentiment…

À nous, femmes, appartient la noble tâche de régénérer le monde moral, osons sans crainte, dire et faire ce que nous croirons propre pour atteindre ce but.

Claire Démar, l’auteur de cette brochure, a commencé ; elle a fouillé profondément, par sa vie pratique, dans la fange du vieux monde, elle en est sortie avec dégoût, jeune encore, mais brisée par ce contact. Ainsi revenue à des sentimens sociaux, elle pouvait parler, elle avait pour se faire écouter l’autorité de l’expérience. Avant d’en finir par le suicide, violem-