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guerre. C’est lui le premier dans le royaume, et le Roi et lui sont la gloire de l’État. Chacun d’eux a trois princes ou chefs de haut rang qui doivent le servir, soit par leurs avis, soit par leur courage à la guerre.

Le nom du premier, en langue persane, est Phil. Dans la langue de nos docteurs (hébreux), on le nomme aussi Phil, c’est-à-dire Éléphant. On sait que les Orientaux avaient des éléphants sur le dos desquels ils plaçaient des tours quand ils allaient au combat.

    XIIe et XIIIe siècles fit regarder le jeu des Échecs comme une image de la vie humaine. De là vinrent tous ces écrits en diverses langues, dont quelques-uns ont été imprimés, mais dont le plus grand nombre est demeuré manuscrit dans les bibliothèques. Dans ces écrits, on compare les différentes conditions avec les pièces du jeu des Échecs, et l’on tire de leur marche, de leur nom et de leur figure, des occasions de moraliser sans fin à la manière de ces temps-là. On se persuada bientôt que le tableau de la vie humaine, spéculum vitæ humanæ, en serait une image imparfaite, si l’on n’y trouvait une femme ; ce sexe joue un rôle trop important pour qu’on ne lui donnât pas une place dans le jeu : ainsi, l’on changea le ministre ou Ferz en Reine ; la ressemblance des mots de Fierge et de vierge rendit facile un changement qui semblait d’autant plus raisonnable, que cette pièce est placée à côté du Roi, et que dans les commencements elle ne pouvait s’en éloigner de plus de deux cases. Le poëme de la Vieille dit : « Le Roi, la fierge et le peon saillent un point, font un pas. » — (Voir le discours de Fréret, sous Louis XV.)

    Le traducteur
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