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en tous points, quand j’aurai exposé la combinaison de ce jeu excellent et d’une beauté parfaite.

De même qu’un gouvernement politique a pour base la justice, des statuts et des jugements vrais, au milieu desquels l’homme est heureux s’il les observe fidèlement, de même aussi ce jeu suit des règles admirables de combinaison ; il est fondé sur des principes et des jugements droits, sur la vérité et la justice ; il repose sur des statuts que personne ne transgresse, sur la sagesse et la science. C’est pourquoi les peuples intelligents apprendront à jouer aux Échecs, car ce jeu est complètement paisible et innocent ; ceux qui s’y livrent n’ont pas pour but de désirer ou de ravir le bien d’autrui, mais seulement d’exercer leur intelligence, car chacun d’eux est désireux de vaincre son adversaire, et le vainqueur prudent en tire gloire, force et honneur ; ils s’assemblent en paix, ils s’en vont en paix. Il n’en est pas de même des dés et des cartes, de ces jeux qui procèdent du hasard et de la folie ; car tout dépend de la manière dont roulent les dés ou tombent les cartes. L’intelligence n’a aucune part dans ces jeux, et ceux qui s’y livrent ne font preuve de science que pour mal agir, soit en jetant les dés avec supercherie, soit en faisant des changements quand ils distribuent les cartes : car le but de chacun d’eux consiste à ruiner et à tromper son adversaire. Et voilà