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simple soldat courageux, au moment même où il se croit le plus en sûreté.

En guerre, le Roi se tient loin des ennemis, il n’essaye pas même de trop s’éloigner de son camp. On ne le voit que là où l’un de ses soldats l’appelle et réclame le secours de son bouclier pour le défendre contre ses agresseurs. Quand dans sa fureur il est sorti des retranchements et s’est montré aux ennemis, il revient de suite derrière les murs et les remparts de sa forteresse, et de temps en temps il fait des sorties, mais toujours avec prudence.

Tels sont les droits et les devoirs du Roi, de ses officiers et des autres guerriers. Tels sont le charme et l’excellence de ce jeu innocent et profond. Mais nous avons parlé d’une Reine. Elle est placée aux endroits les plus élevés, pour apercevoir toutes les parties de l’État qu’elle gouverne ; elle est bouillante d’ardeur et de courage. Pour marcher contre les ennemis, elle se ceint de la force de ses reins, et ses pieds ne demeurent pas attachés à sa case ; elle parcourt les murailles dans toutes leurs directions, entourée de ses trois illustres guerriers. Et quand, au début du combat, elle obéit à son ardeur, combien sa marche est gracieuse ! Elle passe de rang en rang, même obliquement, et les parcourt l’un après l’autre. Le Roi, couvert de vêtements noirs, est placé (au début) sur la quatrième case, qui est blanche ; à son