Page:Déjacques - De l’être humain mâle et femelle - Lettre à P. J. Proudhon, 2012.djvu/10

Cette page n’a pas encore été corrigée

exhubérance anarchique où tout lui rappellerait le mouvement et tout mouvement la vie. Eh quoi ! l’être-humain ne saurait chercher le bonheur que dans une imbécile immobilité ? Allons donc ! Le contraire seul est possible.

Sur ce terrain de la vraie anarchie, de la liberté absolue, il existerait sans contredit autant de diversité entre les êtres qu’il y aurait de personnes dans la société, diversité d’âge, de sexe, d’aptitudes : l’égalité n’est pas l’uniformité. Et cette diversité de tous les êtres et de tous les instants est justement ce qui rend tout gouvernement, constitution ou contration, impossible. Comment s’engager pour un an, pour un jour, pour une heure, quand dans une heure, un jour, un an on peut penser tout différemment qu’à l’instant où l’on s’est engagé ? - Avec l’anarchie radicale, il y aurait donc des femmes comme il y aurait des hommes de plus ou moins de valeur relative ; il y aurait des enfants comme il y aurait des vieillards ; mais tous indistinctement n’en seraient pas moins l’être-humain, et seraient également et absolument libres de se mouvoir dans le cercle naturel de leurs attractions, libres de consommer et de produire comme il leur conviendrait sans qu’aucune autorité paternelle, maritale ou gouvernementale, sans qu’aucune réglementation légale ou contrative put y porter atteinte.

La Société ainsi comprise – et vous devez la comprendre ainsi, vous, anarchiste, qui vous targuez d’être logique – qu’avez-vous encore à dire de l’infirmité sexuelle de la femelle ou du mâle chez l’être-humain ?

Ecoutez, maître Proudhon, ne parlez pas de la femme, ou, avant d’en parler, étudiez-la ; allez à l’école. Ne vous dites pas anarchiste, ou soyez anarchiste jusqu’au bout. Parlez-nous, si vous voulez, de l’inconnu et du connu, de Dieu qui est le mal, de la Propriété qui est le vol. Mais quand vous nous parlerez de l’homme, n’en faites pas une divinité autocratique, car je vous répondrai : l’homme, c’est le mal ! – Ne lui attribuez pas un capital d’intelligence qui ne lui appartient que par droit de conquête, par commerce d’amour, richesse usuraire qui lui vient toute entière de la femme, qui est le produit de son âme à elle, ne le parez pas des dépouilles d’autrui, car, alors, je vous répondrai : la propriété, c’est le vol !