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idées dans les autres ; mêlons nos pensées, rien de mieux ; mais faisons de ce mélange une conception désormais nôtre. Soyons une œuvre originale et non une copie. L’esclave se modèle sur le maître, il imite. L’homme libre ne produit que son type, il crée.

Mon plan est de faire un tableau de la société telle que la société m’apparaît dans l’avenir : la liberté individuelle se mouvant anarchiquement dans la communauté sociale et produisant l’harmonie.

Je n’ai nullement la prétention d’imposer mon opinion aux autres. Je ne descends pas du nuageux Sinaï. Je ne marche pas escorté d’éclairs et de tonnerres. Je ne suis pas envoyé par l’autocrate de tous les univers pour révéler sa parole à ses très-humbles sujets et publier l’ukase impérial de ses commandements. J’habite les gouffres de la société ; j’y ai puisé des pensées révolutionnaires, et je les épanche au dehors en déchirant les ténèbres. Je suis un chercheur de vérités, un couveur de progrès, un rêveur de lumières. Je soupire après le bonheur et j’en évoque l’idéal. Si cet idéal vous sourit, faites comme moi, aimez-le. Si vous lui trouvez des imperfections, corrigez-les. S’il vous déplaît ainsi, créez-vous en un autre. Je ne suis pas exclusif, et j’abandonnerai volontiers le mien pour le vôtre, si le vôtre me semble plus parfait. Seulement, je ne