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MARIE DE VALMONT.

notre âge, âge terrible des passions, heureuses si nous traversons ces temps orageux sans perdre notre indifférence et le calme heureux dont nous jouissons !

J’aime mon mari de toute mon âme, je donnerais ma vie sans balancer pour lui ; mais je n’ai jamais ressenti cette ivresse que l’amour seul, dit-on, fait éprouver. Peut-être ai-je été mariée trop jeune ; et dix ou douze ans de plus sur la tête d’un homme qui se présente pour épouser une jeune fille sont un objet, et impriment nécessairement une sorte de respect qui bannit ces doux épanchemens qu’une âme jeune et sensible aimerait à verser dans le sein d’un époux.

Je suis heureuse, parfaitement heureuse ; mes soins, mon amitié, l’amitié la plus tendre est vouée à mon époux. N’a-t-il pas fait le bonheur de mon père en m’épousant, mon père qui craignait de me laisser sans fortune, au mi-