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AU sortir de l’adolescence, Raoul Thérien fils d’un cultivateur à l’aise du comté de Terrebonne, de par la volonté paternelle s’était rendu à Montréal, pour y compléter son instruction.

Très intelligent, laborieux, le jeune « habitant », dont on voulait faire un « monsieur » n’avait pas eu de difficulté à entrer à l’école polytechnique. Grâce au régime d’externat de cette institution, les quatre années d’études de l’aspirant ingénieur passèrent vite, et, par une claire journée du printemps de 19…, il reçut le diplôme convoité.

Maintenant, de retour au foyer paternel, dans l’attente d’une position lucrative, le jeune homme goûtait les charmes d’une campagne paisible et fertile, évocatrice de ses meilleurs souvenirs d’enfance.

Enclin à la méditation, à la veille d’aborder le “struggle for life”, il se remémorait le prologue de roman qu’il avait vécu naguère. Et, comme cette aventure galante ne lui avait pas réussi, chagrin, l’ingénieur en ressassait les détails.

Car Raoul Thérien souffrait d’un mal commun à nombre de jeunes Canadiens-français, qui, lotis d’un atavisme particulier, le foulent aux pieds en faveur d’un faux sentimentalisme anglo-saxon, par-