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trouver de quoi vivre dans une contrée pauvre ou épuisée. L’administration, habituée aux campagnes où l’on emportait tout avec soi, ne savait pas comment il faut faire pour obtenir d’un pays les ressources nécessaires à l’armée, tout en allégeant pour lui autant qu’il est possible le poids de la guerre. Les vivres étaient rares. Des guérillas, invisibles mais opiniâtres, enveloppaient, comme une brume insaisissable, les Américains, qui s’avançaient rapidement pour échapper à leur étreinte. C’est surtout autour du grand convoi, dont la conservation était une question vitale, qu’il fallait redoubler de vigilance. Aussi lorsque, attachées à la file comme un chapelet, les mules, dressant les oreilles et secouant les sonnettes de leurs harnais bigarrés, s’engageaient dans un de ces défilés si favorables aux embuscades, les alertes étaient-elles fréquentes le moindre embarras, les cris des arrieros mexicains, d’une fidélité douteuse, l’écho même des pas des animaux frappant le rocher, semblaient aux officiers chargés de cette lourde responsabilité le signal de quelque trahison.

Les Américains arrivèrent cependant sans combat et sans accident dans la vallée de Mexico, où Santa-Anna, avec une armée que quatre mois de répit lui avaient permis de réorganiser, leur offrait, quitte ou