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strictement les obligations que l’État avait prises vis-à-vis d’eux, et il les renvoya à la Vera-Cruz à la fin d’avril, avant le moment où la fièvre jaune sévit sur la côte.

Le gouvernement fédéral avait commis une erreur grave et s’était fait bien des illusions sur la facilité d’atteindre Mexico, car il y a autour de cette étrange capitale comme un mirage qui éblouit tous ceux dont elle excite les convoitises. Mais, lorsque, sous l’influence des impressions populaires, les gouvernements libres ont commis de ces erreurs dont les pouvoirs absolus ne sont pas plus exempts, ils trouvent d’ordinaire dans l’opinion publique elle-même les moyens de les réparer. En effet, le Congrès, dans la session de 1846, n’avait pas voté la formation de dix nouveaux régiments réguliers qu’on lui avait proposée au dernier moment, et le Président ne fut autorisé à les lever qu’à l’époque où ils auraient déjà dû être débarqués à la Vera-Cruz pour renforcer Scott, condamné à l’immobilité sur le plateau de Puebla. Mais l’activité succéda bientôt à cette imprévoyance. Les moindres détachements de l’armée régulière furent rassemblés de toutes parts pour donner des cadres aux nouveaux régiments, qui, grâce à de prompts enrôlements, atteignirent dans l’année un effectif de plus