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une défaite écrasante. Sur ses douze mille hommes, trois mille furent faits prisonniers et les autres se dispersèrent, laissant derrière eux quatre mille fusils et quarante-trois canons. Il avait renouvelé la faute qui, au commencement de la guerre de l’indépendance du Mexique, avait, été si fatale à Hidalgo. Cependant, à Cerro-Gordo, on ne vit pas, comme au pont de Calderon, des populations entières d’Indiens livrées presque sans armes à un inévitable et stérile carnage. La courageuse défense des Mexicains fut, au contraire, pour les Américains une utile leçon. En effet, Scott avait abordé ses adversaires à la fois de front et de flanc. La première de ces deux attaques coûta cher et fut inutile, tandis que l’autre, audacieusement conduite, suffit pour prendre à revers l’armée de Santa-Anna et la jeter dans un désordre irréparable. Ces mouvements tournants, tentés souvent depuis, leur réussirent toujours devant un ennemi qui affaiblissait ses ailes à force de vouloir s’étendre.

Le succès de cette attaque de flanc avait été d’ailleurs laborieusement préparé. À peine sortis des tranchées qu’ils avaient ouvertes dans les sables mouvants et les marais fiévreux qui entourent la Vera-Cruz, les soldats américains avaient repris la pelle et la pioche pour tailler, pendant trois jours, dans le