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victoire. Au reste, ce n’était pas l’abandon de quelques territoires éloignés qui pouvait émouvoir une population habituée à voir toujours la moitié de ces provinces armée contre l’autre. Aussi, durant cette campagne, les villes n’opposèrent-elles par elles-mêmes aucune résistance à cette petite armée étrangère. Les habitants, pressés sur les balcons pour voir, passer les soldats américains, s’étonnaient de leur air fatigué, de leur tenue délabrée, et, déçus dans leur attente d’un brillant spectacle, se demandaient comment ces hommes avaient pu vaincre les troupes nationales ; mais ils laissaient à ces troupes le soin de les combattre.

Santa-Anna commit une erreur, fréquente dans ces pays à demi civilisés, où des généraux peu instruits dirigent des troupes qui n’ont de nos armées organisées que l’apparence extérieure. Voulant livrer toujours des batailles rangées, ils imposent à leurs soldats une discipline qui les entrave sans les soutenir, s’embarrassent d’un matériel qui les encombre sans qu’ils sachent s’en servir, et perdent ainsi tous leurs avantages naturels. Lorsqu’il se plaça à Cerro-Gordo, dans une position habilement choisie et fortement retranchée, pour interdire aux Américains l’accès des terres hautes par la route de Jalapa (18 avril 1847), il essuya