Page:D'Orléans - Histoire de la guerre civile en Amérique - Tome 1, 1874.pdf/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il est impossible dans les récits officiels de cette bataille de saisir aucun mouvement d’ensemble une fois l’action commencée, chaque officier n’agit que selon ses propres inspirations. Le général en chef, ne se fiant pas à l’exécution de ses ordres, va le soir du premier jour de combat visiter lui-même ses dépôts à plusieurs lieues en arrière de l’armée. Revenu sur le champ de bataille, il paye de sa personne, sans songer à donner aucune direction à ses différents corps, qui se sont engagés au hasard : Les Mexicains, bien conduits, prennent cette fois vigoureusement l’offensive. Quelques régiments américains repoussent ce premier choc, mais d’autres, au contraire, se débandent à l’instant, sans qu’aucune exhortation puisse les retenir. Toute la ligne, ainsi débordée sur plusieurs points, s’ébranle, les groupes isolés de soldats cherchant chacun la meilleure position pour tenir tête à la cavalerie mexicaine, qui pousse devant elle tous ceux qu’elle a mis en désordre. L’artillerie, abandonnée par ceux qui devaient la soutenir, continue héroïquement le combat et retarde le succès des Mexicains. Mais ceux-ci, confiants dans leur nombre (ils sont vingt-deux mille contre six mille), enlèvent plusieurs canons, malgré les efforts des officiers réguliers et du colonel Jefferson Davis,