Page:D'Orléans - Histoire de la guerre civile en Amérique - Tome 1, 1874.pdf/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En effet, son ambition inquiète, capricieuse et féconde en expédients, ne lui permettait, en temps de paix, ni de subir ni de fonder lui-même un gouvernement régulier. Mais, en temps de guerre, ses défauts, autant que ses qualités, lui assuraient sur ses compatriotes une puissante influence. Il pouvait seul organiser la résistance et créer pour la soutenir des ressources imprévues. Il prouva son coup d’œil en profitant du moment où une partie de ses adversaires avaient déjà quitté leurs positions au delà du Rio-Grande et naviguaient sur le golfe du Mexique, pour attaquer ceux qui étaient restés avec Taylor, avant que l’expédition navale, dont un heureux hasard lui avait révélé le but, le rappelât à la défense de la Vera-Cruz. Il avait refait une armée, et la bataille qu’il livra à Taylor, le 23 février 1847, à Buena-Vista, fut certainement la mieux disputée de toute la guerre. L’armée américaine avait encore plus perdu en qualité qu’en quantité par les renforts qu’elle avait envoyés à Scott à l’exception de l’artillerie et de quelques cavaliers, elle ne se composait que de volontaires n’ayant pas un an de service. Aussi est-il intéressant pour nous de les voir à l’œuvre dans la seule occasion où, durant tout le cours de cette guerre, ils furent laissés à eux-mêmes.