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Mais Doniphan trouva dans cette ville des nouvelles qui rendaient sa position singulièrement périlleuse. Le général Wool, qui était parti du Texas pour le rejoindre avec des forces considérables, manquait au rendez-vous. Une montagne trop abrupte pour son convoi, et dont il ignorait l’existence, l’avait obligé d’abandonner la direction de Chihuahua, et il s’était rapproché des campements de Taylor sur le bas Rio-Grande. Ce général, affaibli par le départ de ses meilleures troupes pour la Vera-Cruz, et fort compromis lui-même, l’avait retenu avec lui à Saltillo ; Wool se trouvait ainsi à plus de cent cinquante lieues de Doniphan, et dans l’impossibilité de le rejoindre.

Isolés dans une ville de vingt-six mille âmes, au cœur du pays ennemi, n’ayant reçu aucun secours ni un dollar depuis le commencement de la campagne, ces huit cents hommes, qui n’étaient plus engagés que pour deux mois, pouvaient craindre de voir leur terme de service expirer dans quelque prison mexicaine. Battre en retraite, c’eût été avouer leur faiblesse et attirer sur eux un adversaire dont les forces grossissent à la moindre apparence de succès. Ils s’établissent dans la ville avec une assurance qui déconcerte leurs ennemis avoués ou cachés. Les marchands déchargent leurs chariots et ouvrent une