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ce repos si doux à goûter après un grand péril.

Cependant, il faut veiller, car le voisinage d’un ennemi supérieur en nombre, quoique encore invisible, se révèle par ces mille indices que la vie du désert apprend à ne jamais négliger : les vaqueros, qui ont fait disparaître tous les troupeaux de ces vastes pâturages, la main inconnue qui a mis le feu à la prairie de manière à porter l’incendie sur le camp américain, obéissaient sans doute aux ordres de cet ennemi. L’heure décisive est arrivée et la petite troupe se prépare au combat. Les lourds chariots et les bagages de l’armée se forment sur quatre colonnes parallèles, à cinquante pas de distance. Dans leurs intervalles marchent, au centre l’artillerie, à droite et à gauche les cavaliers ; les compagnies légères se déploient et éclairent la route. Au lieu de s’allonger en une seule colonne facile à couper, le convoi forme ainsi une masse compacte, derrière laquelle les combattants, dissimulant leur nombre, peuvent se retrancher en cas d’attaque, et dont il leur est cependant facile de sortir pour se former sur un point quelconque de ce carré mouvant. Le soir, tous les chariots, rangés en cercle et fortement liés ensemble, se disposent en corral, sorte de fortification provisoire, dans laquelle on enferme les bêtes de trait. En cas de