Page:D'Orléans - Histoire de la guerre civile en Amérique - Tome 1, 1874.pdf/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une implacable régularité d’allure. Les caissons de munitions, couverts d’étincelles que le vent pousse devant lui, sont entraînés dans le lac, peu profond heureusement, par les conducteurs, qui les protègent en les arrosant. Les officiers baignent leurs chevaux dans les eaux et leur font ensuite fouler l’herbe de leurs sabots humides. Vains palliatifs, les flammes avancent toujours. On leur oppose enfin un remède héroïque. Après avoir abattu avec leurs sabres les longues herbes qui les entourent, et s’être réfugiés dans l’espace éclairci de la sorte, les cavaliers allument tout autour d’eux un autre incendie. Le cercle ainsi formé s’agrandit bientôt d’un côté, ce feu nouveau s’avance lentement au-devant du grand feu de la prairie et l’arrête par une barrière infranchissable, en détruisant les aliments que ce dernier allait dévorer ; de l’autre, porté par le vent, il se propage rapidement en avant de la colonne américaine, qui le suit pas à pas sur les herbes calcinées, jusqu’à ce qu’elle ait laissé loin derrière elle la tempête embrasée qui menaçait de l’étouffer. Se sentant enfin délivrés des étreintes de la plus cruelle de toutes les morts, hommes et animaux se laissèrent alors tomber sur le sol encore fumant et privé de fourrage, en ne songeant qu’à prendre un peu de