Page:D'Orléans - Histoire de la guerre civile en Amérique - Tome 1, 1874.pdf/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dats transis de froid ; leurs cendres, promptement refroidies, marquent seules au milieu de cette immense solitude le sillage des détachements, qu’il a fallu séparer pour faciliter la marche.

Aucune halte n’est possible, faute d’eau, jusqu’au moment où les Américains atteignent enfin la limite du désert si bien appelé « l’Étape du Mort ».

Mais un léger combat vient bientôt leur faire oublier les fatigues et leur livre le défilé d’El Paso del Norte, point stratégique important méridionale du nouveau Mexique, la seule qui s’ouvre sur les riches contrées du Mexique central. Le Rio-Grande, traversant cette gorge sauvage, tombe, par une suite de rapides, des hauts plateaux dans la riche vallée où il sert de frontière au Texas. À partir de ce point, la colonne s’avance lentement, car il faut faire paître les bêtes et recueillir des renseignements sur une route à peu près inconnue. Elle a quitté les rives fertiles du Rio-Grande, et les nouveaux déserts qu’elle parcourt lui préparent des périls et des souffrances d’un genre tout différent de ceux qu’elle a affrontés jusque-là. Ce sont de vastes plaines d’un sable brûlant qui se soulève au moindre vent et cède sous les pas du soldat épuisé par la chaleur. La dernière étape dans ces redoutables solitudes faillit être