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d’amitié, cette petite troupe se dirigeait au sud vers la ville lointaine de Chihuahua, espérant donner la main à l’armée de Taylor, qui avait passé le Rio-Grande et venait d’envahir la province de Monterey.

Doniphan n’avait avec lui que huit cents cavaliers missouriens, qui furent renforcés plus tard par une centaine d’artilleurs avec quatre canons. Il lui fallut, en outre, accepter la compagnie d’une caravane de marchands américains, qui, après être arrivés à travers le désert jusqu’à Santa-Fé, n’attendaient qu’une occasion pour faire pénétrer les denrées américaines dans le Mexique, sous la protection du drapeau national, en dépit des douaniers, des Indiens et des brigands. Ces belliqueux négociants qui traînaient avec eux trois cent quinze wagons, dédommagèrent la colonne des embarras qu’ils pouvaient lui causer, en organisant avec leurs muletiers deux compagnies qui rendirent des services réels à la garde du camp.

À peine en route, la petite troupe se voit assaillie par tous les dangers qui attendent le voyageur dans ces contrées inhospitalières. Dans la Jornada del Muerto, vaste plateau desséché de trente-cinq lieues de large, elle ne rencontre ni une goutte d’eau, ni un arbre, à peine quelques plantes épineuses, qui, flambant comme de la paille, ne peuvent réchauffer les sol-