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fréquentes et sévères. Lorsqu’en 1861 les débris de l’armée régulière revinrent du Far-West dans les grandes villes de l’Union, ils apportèrent avec eux ces règlements inflexibles dont l’application contrastait singulièrement avec les mœurs du pays, et dut refroidir le zèle de plus d’un citadin prêt à s’engager.

Dans l’automne de 1861, les habitants de Washington, passant près des batteries d’artillerie campées sur leurs places, voyaient avec étonnement des soldats coupables de quelque infraction à la discipline tantôt liés à l’affût d’un canon, tantôt à demi suspendus par les pouces, tantôt obligés de se promener avec un bâillon dans la bouche ou la tête passée dans un tonneau défoncé, symboles de leur insolence ou de leur ivrognerie.

Une haute paye pouvait seule attirer des recrues volontaires dans cette armée. Cette paye s’élevait en 1860 à onze dollars ou près de soixante francs par mois, sans qu’aucune retenue fût faite sur cette somme ni pour l’ordinaire ni pour l’habillement. La disproportion entre la solde des différents grades était moindre que chez nous, car, en Amérique, on ne croit pas assurer une bonne gestion des services publics en laissant végéter les inférieurs avec des salaires insuffisants, tandis que quelques chefs seule-