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ment, comptant quarante-cinq officiers, en vit vingt et un recevoir des brevets.

Par une réaction naturelle contre l’esprit d’égalité sociale du pays, une barrière presque infranchissable s’était élevée dans l’armée régulière entre le soldat et l’officier. Il fallait une action d’éclat pour que le sous-officier vint, anobli par l’épaulette, prendre place parmi ses anciens chefs, et ce n’est qu’en 1861 qu’on établit une commission pour examiner et admettre régulièrement un certain nombre de sous-officiers au rang d’officiers. La composition de la troupe justifiait d’ailleurs cette exclusion, car elle méritait tout à fait le nom de mercenaire, si mal appliqué plus tard aux volontaires de 1861. Elle se recrutait parmi les émigrants qui n’avaient pu trouver un genre de vie plus lucratif, car cette existence, où il fallait se soumettre à la discipline de la caserne au milieu même du désert, ne séduisait guère les Américains eux-mêmes, et il fallait qu’ils fussent à bout de ressources pour la rechercher.

En effet, l’officier régulier, isolé dans un poste lointain, comme en mer un capitaine sur son vaisseau, toujours exposé à la perfidie de l’Indien, et obligé à une incessante vigilance, appuyait son autorité sur la plus dure discipline. Les peines corporelles étaient