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séparaient de leurs concitoyens, toujours pressés d’agir et de jouir, grâce aux liens de camaraderie que les souvenirs de jeunesse enracinent dans le cœur de l’homme, et surtout aux attaques dont l’école et l’armée furent l’objet, les West-Pointers formèrent bientôt un corps presque aristocratique, exclusif, et dont tous les membres se soutenaient réciproquement. À l’époque dont nous parlons, ceux qui restaient sous les drapeaux étaient animés d’une véritable passion pour le métier des armes, car elle seule pouvait décider des hommes capables et actifs à mener une vie rude et peu lucrative, sans même trouver dans la sympathie publique la récompense de leurs travaux. Ceux qui, lassés par la lenteur de l’avancement et séduits par de plus brillantes perspectives, quittaient le service après quelques années, et ils étaient nombreux surtout parmi les jeunes gens du Nord, ne perdaient pas pour cela le souvenir de leur première éducation : aussi est-ce parmi eux que la cause fédérale recruta ses plus brillants défenseurs. Ces changements de carrière ne brisaient pas les liens qui unissaient entre eux tous les West-Pointers. Si cette coterie, car c’en était une, avec ses défauts et ses partialités, pouvait se maintenir et se faire respecter au milieu d’une société aussi mobile, c’est qu’elle s’ap-