Page:D'Orléans - Histoire de la guerre civile en Amérique - Tome 1, 1874.pdf/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en querelles qui faillirent leur faire perdre l’estime de leurs plus zélés partisans en Europe, et, plus jalouses encore du pouvoir central, elles ne lui laissèrent aucune autorité, aucun moyen d’action. C’était l’âge d’or des States Rights ou « droits d’États », dont la défense servit plus tard de prétexte à l’insurrection de 1861. Sous cette funeste influence, l’armée des États-Unis disparut graduellement : toute la garde de la longue frontière du Canada et des tribus indiennes fut confiée à la milice de chaque État, et, en 1784, l’armée nationale se trouvait réduite au. chiffre absurde de quatre-vingts soldats et officiers.

Lorsque de vrais patriotes tirèrent l’Amérique de la voie fatale où elle était engagée, et que sa nationalité fut définitivement constituée par cette œuvre admirable qu’on appelle le Pacte fédéral, on sentit la nécessité de rendre quelque autorité au pouvoir central reconstitué. Cependant, entre ce moment, que l’on peut appeler sa première résurrection, et celui où elle fut définitivement organisée, l’armée régulière éprouva encore bien des vicissitudes. En effet, lorsqu’en 1789, Washington se trouva investi, avec le titre nouveau de Président, du commandement des forces militaires de la République, celles-ci ne s’élevaient qu’à six cents hommes. Son autorité sur les milices était