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vement de 1775 et la prise d’armes des propriétaires d’esclaves en 1861 était aussi fausse au point de vue militaire qu’au point de vue politique.

Le jour où les colonies repoussèrent l’autorité de la métropole, tous les points stratégiques de leur territoire étaient occupés par les Anglais. Il fallait donc tout conquérir ; elles n’avaient rien à perdre et ne pouvaient se tenir pour battues alors même que l’ennemi était encore au cœur du pays. En 1861, au contraire, les confédérés, maîtres de tout le territoire qu’ils prétendaient soustraire au pouvoir légal du nouveau président, avaient besoin de cette vaste contrée, d’une part pour maintenir l’institution de l’esclavage, et d’autre part pour entretenir leurs nombreuses armées : lorsqu’elle fut envahie, ils se sentirent vaincus. Ce qui était possible dans la guerre de l’Indépendance, où le nombre des combattants était restreint, ne l’était plus alors. Washington et Gates, Howe et Cornwallis, n’avaient d’ordinaire sous leurs ordres que dix ou quinze, et bien rarement vingt mille hommes. Ces petites armées pouvaient vivre sur le pays qu’elles occupaient. Ce ne fut pas toujours sans peine, il est vrai, et les soldats de Washington souffrirent cruellement dans l’hiver qu’ils passèrent à Valley-Forge. L’armée anglaise, tra-