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parti et imbus de la fatale doctrine de la souveraineté absolue des États, qui était devenue parmi eux une espèce de dogme, quittèrent en masse le drapeau fédéral pour aller organiser les forces naissantes de la rébellion. Beaucoup d’entre eux ne prirent pourtant pas sans regrets une résolution aussi contraire aux notions ordinaires de l’honneur militaire ; ces regrets, connus de leurs anciens camarades, contribuèrent à adoucir la guerre, à en éloigner la rancune et la passion, et leur souvenir inspira le général Grant lorsque, quatre ans plus tard, il tendit à son adversaire vaincu une main généreuse.

Il y en eut cependant qui aggravèrent encore le spectacle toujours pénible de la défection militaire. On vit le général Twiggs, qui commandait les troupes du Texas, s’entendre avec les rebelles pendant qu’il portait encore l’uniforme fédéral, et leur livrer les dépôts de vivres et de munitions de ses propres soldats, afin d’enlever à ceux-ci tout moyen de résistance. Abandonnés par une partie de leurs officiers, privés de toutes ressources, ne trouvant plus que des ennemis dans la population ingrate qu’ils avaient protégée pendant tant d’années, ces braves soldats eurent encore à résister aux séductions de ceux qui leur promettaient un brillant avenir dans les rangs des