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rer l’adresse du cheval américain et la sûreté de son pied au milieu des nuits les plus obscures. Capable, quoique petit, de porter un grand poids, doux et intelligent, résistant à la fatigue, à la pluie, au froid, au manque de soins et de nourriture, il se montrait fait de toute manière pour cette rude vie des prairies que l’homme ne pourrait affronter sans son aide. Le soir, après une longue étape, il n’avait pour tout repas que les plantes sauvages de la prairie au milieu de laquelle était établi le bivac. Seulement, le matin, au lieu de le seller dès le lever du soleil, on lui accordait les deux premières heures du jour pour brouter l’herbe attendrie par les fortes rosées du désert ; et, après trois jours de marche, on lui en laissait généralement un de repos. Enfin, lorsque, après bien des mois passés ainsi, portant son maître et son bagage, il rentrait dans la grossière écurie du poste frontière, il trouvait moyen de se refaire et d’oublier ses privations en mâchant des épis de maïs, dont il épluchait lui-même les grains.

L’artillerie avait aussi une large part des fatigues communes. Les simples changements de garnison entre les postes éloignés dont elle avait la garde équivalaient parfois à de véritables campagnes. Elle faisait, d’ailleurs, partie de toute expédition impor-