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équipée, traverser un fleuve profond en croupe des cavaliers. Aux chaleurs brûlantes d’un été que ne tempère aucune brise de mer, se joignaient le feu des prairies, les orages subits et les tourmentes de vent, si redoutables dans les plaines où rien n’amortit leur violence ; puis le froid et la neige leur succédaient subitement, apportant de nouvelles souffrances aux troupes qu’elles surprenaient, comme celles de Johnston, au milieu de leur route. Cette vie formait des marcheurs rompus à un long exercice ; mais, faisant campagne dans le désert où ils emportaient tout avec eux, et ne pouvant se séparer plus de deux ou trois jours de leur convoi, ils étaient habitués à une certaine abondance de vivres et à des approvisionnements réguliers. Aussi, quand il fallut, en 1861, faire la guerre dans un pays qui ne manquait pas absolument de ressources, les officiers formés à cette école ne songèrent-ils pas, avant que Sherman rompît avec ces habitudes, à tirer parti de ces ressources pour se rendre indépendants du convoi.

Pour la cavalerie, cette guerre fut une excellente préparation au rôle qu’elle allait être appelée à jouer. Ce n’étaient pas sans doute des cavaliers élégants, ni même de bons manœuvriers sur un champ de parade, que ces dragons américains qui, depuis