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finissaient presque toujours par mesurer leurs forces dans une lutte ouverte et décisive. Car, si le premier avait accepté la guerre, c’est qu’il se croyait sûr de vaincre, et, dès qu’il voyait ses stratagèmes déjoués par son ennemi, cette confiance l’entraînait à tenter une attaque de vive force. Presque toujours alors le froid courage du blanc, sa discipline et la supériorité de ses armes lui assuraient le succès ; mais il ne l’obtenait souvent qu’après un combat long et sanglant.

Les différentes armes eurent chacune leur part des fatigues et des dangers de ces guerres incessantes : elles y conservèrent leur activité, leurs traditions militaires et acquirent une nouvelle expérience.

La tâche du fantassin était la plus rude. Les belles rivières qui sillonnent la prairie sont séparées par des espaces de dix à douze lieues, qu’il fallait franchir dans une seule étape, en se frayant un passage à travers de hautes herbes, sans que le soldat trouvât un arbre pour le protéger un instant contre les ardeurs du soleil, ou une goutte d’eau pour étancher sa soif. Le lendemain, avant de pouvoir se remettre en route, il fallait tailler dans les berges escarpées de la rivière une rampe pour les voitures, construire un pont flottant, ou, si l’expédition était légèrement