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compagnon indispensable de leur nouvelle existence. Ne vivant que de leur chasse, ils passèrent maîtres dans l’art des surprises et des embuscades. Ne craignant ni de risquer leur vie dans les plus périlleuses entreprises, ni de fuir, lorsqu’ils avaient manqué leur coup, sans attendre de pied ferme une défaite irréparable, leur troupe grossissait et disparaissait alternativement en un clin d’œil, comme ces brouillards légers qui s’élèvent sur la prairie humide de rosée, et, tantôt se condensent, tantôt se dissolvent sous l’influence d’un soleil matinal.

Il est souvent arrivé à une colonne de marcher des semaines entières sans apercevoir l’ennemi, qui cependant la suivait pas à pas, prêt à s’élancer sur elle au moindre symptôme de faiblesse. Malheur alors à celui qu’une imprudente confiance entraîne trop loin de ses camarades ! il ne reparaît jamais. Après une étape que le manque d’eau a allongée, lorsque les feux du camp charbonnent, presque éteints, sous la cendre, et que partout règnent le silence et l’obscurité, l’on entend parfois un cri étrange, auquel d’autres cris répondent dans des directions opposées. Pendant qu’on s’éveille, qu’on se cherche, un bruit confus s’élève du corral où sont parqués les chevaux d’artillerie et les mules du convoi. Quelques Indiens,