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une expédition dans ces régions lointaines. Ces deux chefs cependant avaient dans les Mexicains un ennemi sédentaire et dont le territoire offrait certaines ressources à l’envahisseur. Mais ces ressources manquaient complétement aux Américains lorsqu’ils avaient à combattre des tribus nomades : il fallait qu’en se lançant dans le désert, leur colonne fût à la fois assez bien approvisionnée pour les suivre longtemps après la première rencontre, et assez forte pour n’avoir pas à craindre un échec presque toujours irréparable.

Le convoi, ce boulet que toute armée civilisée doit traîner à son pied, portait tout ce dont elle pouvait avoir besoin pendant la durée de l’expédition ; car les faibles ressources qu’offrent les razzias parmi les Arabes pasteurs ne se trouvent même pas chez un peuple chasseur comme les Indiens. Il se composait des lourds chariots ou waggons de l’émigrant, qui portent une charge de plus de huit cents kilogrammes et que traînent six mules admirablement dressées. L’attelage obéit à une seule rêne et à la voix d’un teamster ou conducteur, généralement mulâtre. Presque partout le pays est assez ouvert et le sol assez égal pour permettre le passage de ces pesantes voitures : aucun col abrupte ne marque, au milieu des