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gardant le type et les traditions de leur race, sont en tout les égaux des anciens colons qui les entourent. On a vu, il y a trente ans, un régiment de cavalerie fédérale levé entièrement parmi les Creeks ; et des Indiens pur sang sont sortis avec le rang d’officiers réguliers de l’école de West-Point. Bien plus, dans le Sud, où ils sont traités comme les égaux des blancs, où le congrès confédéré admettait leurs délégués dans son sein, ils étaient devenus à leur tour propriétaires d’esclaves, et partisans fanatiques de l’asservissement de la race noire.

L’armée américaine avait donc une double tâche à accomplir. D’une part, elle devait maintenir l’autorité nationale en face des tribus indiennes, veiller à l’exécution des traités conclus avec elles, et leur inculquer cette conviction salutaire que, d’un bout du continent à l’autre, tous les blancs prendraient au besoin les armes pour venger un seul d’entre eux ; et il lui fallait pour cela recourir tantôt à la force des armes, tantôt aux négociations, dans lesquelles l’épée lui donnait, aux yeux de ces sauvages, une grande supériorité sur des agents civils. D’autre part, elle était souvent obligée d’intervenir contre les aventuriers blancs, soit pour soustraire à leurs violences les anciens possesseurs du sol, soit pour rétablir l’ordre