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les terres où il ne trouve que des Peaux-Rouges, par le marchand de spiritueux qui va porter jusque sous le wigwam son funeste poison, et la tribu indienne, qui a besoin pour son existence d’espaces immenses et incultes, et d’une indépendance incompatible avec un état social perfectionné. Quoique les Américains aient été accusés de détruire systématiquement la race indienne, leur armée prit, au contraire, souvent la défense de cette population malheureuse contre le contact destructeur du blanc. Elle s’efforçait de ménager pour elle la transition aux mœurs civilisées, mais elle ne songeait pas à perpétuer pour cela l’organisation grossière de la tribu : elle travaillait, au contraire, à détruire cette institution opposée à tout progrès, en favorisant les individus qui renonçaient à leur vie errante. La tribu indienne ressemble, en effet, beaucoup à la tribu arabe, mais plutôt à la tribu, nomade comme au temps d’Abraham, qui habite les déserts d’Afrique et de Syrie, qu’à celle que nous avons trouvée dans le Tell d’Algérie, possédant déjà un sol limité dont elle cultive quelques parties. Cette dernière, quoiqu’elle représente un état social plus avancé, ou plutôt à cause de cela, est bien plus rebelle à la civilisation moderne : elle est fondée, en effet, à la fois sur une religion exclusive et politique