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ne pas faire de vaincus, mais où la victoire doit être achetée au prix d’efforts patients qu’on ne peut attendre que du dévouement militaire. Leurs beaux travaux géodésiques furent mêlés des plus étranges aventures. Nous avons dit comment l’un des plus distingués d’entre eux, le colonel Frémont, tout en explorant les montagnes Rocheuses, conquit en passant une province aussi grande que la France. Quoiqu’une querelle avec le général Kearney, exploitée par l’esprit de parti, fit perdre à l’armée ses utiles services, son exemple fut suivi. Délimitations de frontières, levés, hydrographiques des côtes et des rivières, études géologiques, recherches d’histoire naturelle, furent entrepris à la fois par ces infatigables pionniers de la science. Leurs rapports, publiés par le ministère de la guerre, forment les archives les plus complètes et les plus intéressantes, malgré leur étendue, de l’histoire de la colonisation de l’Amérique. La vie solitaire qu’ils menaient poussait à ces recherches ceux mêmes qui n’en avaient pas reçu la mission officielle. Parfois sans doute un hasard malheureux venait contrarier leurs goûts : le géologue était cantonné dans une plaine où il ne pouvait rencontrer une pierre, le botaniste dans un désert stérile ; mais presque tous trouvaient l’occasion