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champ ouvert à son ambitieuse activité, celui-ci prenait aux yeux du monde l’engagement de le conquérir à la civilisation : sa petite armée, par son intelligence et sa persévérance, devait être l’un des principaux instruments de cette entreprise. De pareilles conquêtes sont la plus belle mission du soldat. Fécondes en enseignements, grâce aux tâches variées et à la responsabilité individuelle qu’elles imposent à chacun, elles sont une excellente école pour une armée. La colonisation, qui, sous la puissante influence d’une vraie et sage liberté, marche vite en Amérique, ne demande à aucun pouvoir civil ou militaire de l’administrer ni de penser à sa place. Mais le squatter, qui ne sépare pas la carabine de la hache, pousse parfois jusqu’à l’excès le besoin d’indépendance, et dans la lutte de la civilisation nouvelle contre la nature et contre là société imparfaite des Indiens, l’intervention d’un pouvoir supérieur, fort et impartial, devient souvent nécessaire. Ce fut le rôle des officiers américains.

Ils représentaient seuls le gouvernement fédéral, à la fois souverain et unique propriétaire de ces vastes contrées : ils engagèrent contre la nature encore vierge un combat bien différent de ceux qu’ils venaient de livrer aux Indiens, car il a l’heureux privilège de