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elle les dépouillait successivement de leurs domaines et les transportait, moitié de gré, moitié de force, dans quelque district encore trop éloigné pour qu’elle pût le leur envier, où un nouveau lieu d’exil leur était assigné sous le nom de Réserve indienne.

La race aborigène, qui se soumettait souvent à ces tristes migrations avec l’indifférence du fatalisme, résistait parfois aussi avec toute l’énergie du désespoir aux conquérants qui les lui imposaient. Lorsque la lutte entre le pionnier abusant de la supériorité de son intelligence, et le sauvage cherchant dans la ruse un secours pour sa faiblesse, venait à s’envenimer, la petite armée américaine, appelée par les colons ou par les agents fédéraux, se trouvait engagée dans une guerre meurtrière, pénible et obscure. Elle avait parfois à livrer des combats importants par le chiffre des pertes qu’elle y faisait : ainsi en 1814, sur les rives encore désertes du Tallapoosa, eut lieu une rencontre où la cavalerie américaine perdit plus de deux cents hommes et où la tribu des Creeks, vaincue après une lutte acharnée, laissa plus de mille guerriers sur le champ de bataille.

La tribu qui résista le plus longtemps fut celle des Séminoles, nation jadis puissante, toujours fière et belliqueuse, repoussée peu à peu par les blancs dans